Le livre "Management, Communication, Hypnose à l'usage des Cadres de Santé et autres Managers"

Peux-tu te présenter et présenter Geneviève Perennou, ainsi que votre pratique de l'hypnose ?            

Tout comme Geneviève Perennou, je suis infirmière. Convaincue très tôt qu'un bon encadrement des équipes est nécessaire pour dispenser des soins de qualité, je me suis formée à la fonction de cadre de santé puis de cadre supérieur, nommée à la tête d'un gros pôle d'activité du CHRU de Brest. De son côté, Geneviève, après un cursus universitaire, est devenue formatrice auprès des équipes soignantes et des cadres de santé en formation. Nous avons fait connaissance lors d'une formation. Nous avions les mêmes centres d'intérêt : le bien-être des patients et des personnels soignants.

Geneviève découvre l'hypnose dès 2001 avec Michel Kérouac et moi à partir de 2005, avec Dr Claude Virot. 

En 2008, la formation "communication thérapeutique" démarre avec succès au CHRU de Brest. Les personnels disent souhaiter que "les cadres y soient également formés mais pas en même temps qu'eux" ; Claude Virot et Franck Bernard me proposent de mettre sur pied une formation de 3 jours réservée aux personnels d’encadrement. Elle existe depuis 2016 et permet aux cadres de se familiariser avec des concepts issus de l'hypnose. 

Le livre est à destination des cadres de santé et infirmières coordinatrices d'Ehpad ou de centres de soins. Quel est le besoin actuel dans ces établissements ? 

Un centre hospitalier, un centre de soin ou un Ehpad, sont des endroits réservés à l’humain, mais pas toujours à l’humanité ou à la bientraitance. Ils sont devenus des établissements comptables et le système écrase.  Les patients y sont soignés, leur douleur y est prise en compte, mais en est-il de même pour ceux qui les soignent ? Qu’en est-il particulièrement pour les cadres dont le système hospitalier attend beaucoup en donnant peu de moyens ? Ils doivent composer avec cette mutation profonde que sont l’absentéisme, la perte de sens, la crise des vocations et parfois le burn-out face aux injonctions contradictoires. Quand l’hôpital est malade de l’intérieur, les professionnels de santé deviennent les premières victimes. Mon constat, après avoir testé différents outils préconisés pour "améliorer la qualité des soins", est que seule une communication adaptée par la connaissance de soi et des autres, et particulièrement les techniques issues de l'hypnose, peut permettre aux cadres de résister à cette pression. Elle leur permet d’aider les personnels à garder leur vocation pour le soin, à se préserver de l’épuisement, à ne pas en être réduits à mettre fin trop vite à leur carrière. 

Dans les journées de formation, les cadres arrivent avec leurs problèmes, ils repartent avec de nouveaux concepts, des outils et le désir de communiquer.

Dans quelles situations les outils développés dans le livre sont-ils à mettre en place ?  

Toutes les situations de management sont concernées : accueil d'un nouveau professionnel, situation délicate à gérer concernant un agent ou une famille, réunion houleuse, entretien d'évaluation, nouveau projet à mettre en place, projet institutionnel imposé, motiver un professionnel ou une équipe, se remotiver, faire passer un message contraignant, se positionner face à la hiérarchie, se préserver, etc.

 Quel paragraphe as-tu rédigé avec le plus de plaisir ?  

Le souvenir de mon début de carrière infirmière en est le point de départ. Ensuite, toutes les techniques issues de l'hypnose sont ludiques. Il y a aussi la notion d'"être AVEC" que je souhaite développer davantage, car c'est la seule façon d'être ou de faire, au sein d'une équipe. La conclusion également car je suis certaine que le malaise dans les hôpitaux serait moindre si la notion de plaisir de soigner y était plus développée et entretenue. Pour moi, la hiérarchie n'a de raison d'être que si elle est aidante.

J'aime citer Térésa Robles " La sagesse universelle est de garder un pied dans la science et l'autre dans l'imagination", soit, pour chaque soignant, avoir un pied dans les connaissances et compétences et l'autre pied dans la créativité de la communication et le plaisir de soigner.

Tu as formé de nombreux cadres de santé à la communication thérapeutique. Quel est le retour de tes participant.e.s qui t'a le plus ému ? Voici 3 retours de participantes formées qui renforcent l’idée que les formations en communication thérapeutique sont essentielles !

Hélène Thomas, anesthésiste en réa chirurgicale au CHU de Charleroi en Belgique et en gestion d'équipe :

"20 jours déjà se sont écoulés depuis cette formation enrichissante, grâce à son contenu et également à ces belles rencontres. Nos nouvelles habitudes de communication s’ancrent petit à petit pour le bonheur de tous. Nous avons dû beaucoup appliquer les outils ces derniers temps au sein de l’équipe ! C’est une période assez compliquée...Je dois dire que le Yes Set me plait beaucoup. Évidemment le mirroring reste un outil incontournable, ainsi que le pacing, lorsque la personne en face de soi est fort énervée.
Beaucoup de gens pensent qu’ils communiquent avec les mails... sauf qu’on ne fait que passer des informations. Ce n’est pas de la communication...
Ça me fait beaucoup réfléchir..."

Valérie Le Marre, cadre supérieur dans un établissement gériatrique près de Rennes :

"Merci pour cette formation, je sentais mon mal-être monter, je me sentais de moins en moins compétente au fur et à mesure, mais les exercices de la dernière journée m’ont ramené de l’espoir. Merci. Merci. "

Laure Parnet, cadre supérieur de santé

"J'applique le mirroring dans les entretiens, les réunions, et j'utilise naturellement des mots positifs et le saupoudrage dans toutes les situations, c'est devenu une habitude. Je me positionne toujours "avec" et non entre, je l'explique et le conseille aux cadres et aux équipes ce qui permet de créer du lien et facilite les échanges."