L'hypnose médicale présentée par Claude Virot
Le Dr Claude Virot, Psychiatre et Directeur de l’Institut Emergences a été interviewé par Véronique Brettes, journaliste de France Bleu Armorique dans le cadre de l’émission « La vie en Bleu : Le dossier » sur le thème de l’hypnose médicale. Voici les questions et réponses de l’interview pour mieux comprendre l’hypnose médicale :
Quel regard jette aujourd’hui les personnes que vous croisez sur la pratique de l’hypnose ?
C’est un regard très positif, l’hypnose est aujourd’hui très largement reconnue dans le monde de la santé, dans la population générale, il y a un intérêt très certain ; tout simplement parce que l’hypnose a montré, depuis toutes ces années, que l’on pouvait aider des gens qui n’avaient pas toujours beaucoup de solutions dans leur vie. Donc il y a un regard très positif aujourd’hui. La plupart des gens sont au fait de l’hypnose comme une méthode médicale, une méthode de soin, une méthode sécurisée et plus scientifique.
En quoi l’hypnose est devenue plus scientifique ?
Il y a eu des études sur le cerveau qui ont montré que quand quelqu’un est en état d’hypnose, son cerveau a un mode de fonctionnement très spécifique. Des études fondamentales, de fonctionnement de l’organisme ; et de nombreuses études cliniques, sur l’usage de l’hypnose dans tels ou tels types de troubles ou de pathologies, d’interventions chirurgicales. Donc on a beaucoup d’études qui montrent aujourd’hui que l’hypnose est une pratique solide, que l’on peut évaluer, reproduire, cadrer. Tout cela montre que l’on est bien du côté de la Science.
Que se passe-t-il dans notre cerveau, lorsque l’on est face à une personne qui pratique l’hypnose ?
Grâce à la neurosciences et aux études avec les IRM, Pet-scan…, nous savons que, quand une personne est en état d’hypnose, de transe hypnotique, les réseaux internes dans le cerveau sont différents. En effet, il y a des zones qui sont plus activées, telles que les zones de mémoire ou les zones émotionnelles. Et des zones qui sont moins activées comme les zones qui s’intéressent à ce qui se passe autour de nous, la réalité extérieure. Avec l’hypnose, on est plus dans la réalité intérieure, dans notre monde interne.
Une des premières règles pour pouvoir mettre en place une expérience hypnotique avec un patient, c’est ce qu’on appelle une synchronisation, au niveau des modes de fonctionnement cérébraux qui doivent s’accorder. C’est pour cela que l’on parle beaucoup des neurones miroirs.
A quoi correspondent les neurones miroirs ?
Ce sont des neurones, c’est-à-dire des cellules cérébrales qui sont dans certaines parties de notre cerveau, et qui vont s’activer à chaque fois qu’il y a une résonnance qui se fait entre deux personnes. Par exemple si je fais des gestes qui sont similaires aux gestes de mon patient, et bien, nos neurones miroirs vont s’accorder.
Comment peut-on pratiquer l’auto-hypnose ?
Avant de pratiquer l’auto-hypnose, il faut apprendre avec une personne qui pratique l’hypnose, durant trois, quatre séances. L’auto-hypnose est une procédure efficace quand elle est bien pratiquée. Une fois que la personne a appris une, voire deux techniques selon le cas, elle va pouvoir la répéter et s’en servir dans les situations difficiles à plus long terme.
Peut-on pratiquer l’auto-hypnose tous les jours ?
Oui absolument, d’autant plus dans le contexte actuel. Emergences a mis en ligne des séances sur sa chaîne Youtube pour accompagner au mieux les personnes qui souhaitent pratiquer l’auto-hypnose. Nous proposons également une formation à l’auto-hypnose 100% en ligne. A partir du moment où les personnes ont appris, elles peuvent s’en servir tous les jours. Au-delà du contexte actuel, les gens vont pratiquer l’auto-hypnose car ils ont des douleurs, des troubles du sommeil, etc.
Que contient le texte que vous donnez à vos patients qui souhaitent pratiquer l’auto-hypnose chez eux ?
C’est une méthode : comment s’installer, se préparer, orienter son mental, sa conscience vers le processus qui va aider les gens. C’est une préparation quotidienne qui ne dure pas longtemps, environ 15 minutes.
Quand on fait de l’auto-hypnose, comment sort-on de l’exercice, comment on atterri après ?
Cela s’apprend, on a parlé d’une méthode de départ, il y a aussi une méthode d’atterrissage. On met en place un signal sonore pour que la séance dure un temps limité. C’est une méthode à bien maitriser, que les gens pratiquent très bien d’ailleurs. C’est une étape importante car partir en hypnose, c’est permettre à une partie de notre conscience de se détacher de la réalité immédiate. Quitter la situation présente pour partir ailleurs mentalement.
Peut-on soigner la dépendance à la nicotine avec l’hypnose ?
Oui si le patient a une motivation importante. A partir du moment où la personne est motivée et souhaite changer son mode de fonctionnement, l’hypnose va pouvoir l’aider à se projeter dans le futur, à imaginer un futur sans le produit ; l’aider également par rapport aux effets secondaires de l’arrêt du tabac, réduire l’anxiété.
Les séances d’hypnose sont-elles prises en charge par la sécurité sociale ?
Ce sont les consultations des professionnels de santé qui sont prises en charge (médecin, kiné, dentiste, sage-femme, etc.)